La gazette Ketoise de Mars 1371

Gazette ketoise Mars 1371

La soupière dorée a reçu la visite de l’archimage qui s’est essayé à la cuisine pour les hôtes de marques. Au départ il était venu enquêter sur l’usage public de la magie en Ket, sans doute se sera-t-il laissé distraire par son passe-temps favori qui est la cuisson des desserts ?
On aurait quand même pu imaginer qu’un personnage de son importance ait mieux à faire que de s’égarer avec un tablier.

Des articles particulièrement outranciers de notre confrère la Pravda ont valu des condamnations judiciaires à sa rédaction. Sans remettre en cause le principe de libre expression, la rédaction de la gazette ne peut que désapprouver l’usage immodéré et inconscient de l’outrance et de la provocation à seule fin de vendre du papier.
Mais plus grave que les attaques personnelles contre untel ou untel, la Pravda n’a pas hésité à mettre en péril la stabilité du duché et à inciter aux émeutes et aux troubles, sans tenir aucunement compte des conséquences qui pourraient être dramatiques pour ceux qui se seront indignés à la lectures des affirmations un peu péremptoire de ce journal.
Alors que nous louions dans nos colonnes la sagesse du baron Danut Dariesco, la Pravda mettait en cause la gestion des grands fiefs par les hauts nobles. Ne parlons pas du fond, mieux, admettons même qu’elle ait raison ! Quelle solution propose-t-elle ? Aucune ! Simplement un laconique « les nobles ne sont pas des gens bien ».
L’article sur « l’archaïsme coupable » pour intéressant et bien construit qu’il soit ne va pas assez loin.
Soit il n’aurait pas fallu l’écrire, quitte à donner discrètement à chaque membre du conseil une description de cette anomalie qui pourrait arriver à d’autres fiefs, y compris les leurs, soit il eut fallu aller jusqu’au bout de la démarche et proposer une alternative à mettre aux votes lors d’un prochain conseil (nous ne doutons pas des entrées au conseil de nos collègues de la Pravda).
Mais là…. « Les barons c’est pas bien », « La noblesse c’est pas bien », « Le conseil c’est pas bien »….et aucune solution.
Bref, rien ne va et rien n’est possible, le négativisme déprimant dans toute sa splendeur.
On voudrait pousser le peuple à la révolte et au bain de sang que l’on ne s’y prendrait pas autrement.
Prenez garde, madame, que le coq volcanique avec qui vous vous pavanez en public ne doive un jour ajouter une seconde tache noire à son blason. Votre responsabilité en la matière est totale.

Dans un autre registre, l’incitation à la débauche de l’article sur fautes commises par la jeunesse est criminelle pour la cohésion sociale du duché. Nous comprenons cependant les motivations religieuses sous-jacentes de cet article, la déesse de la luxure serait en effet fort aise de voir les jeunes Ketois s’ébattre comme des gobelins en rut. Mais c’est faire fi des siècles de respectabilité qui valent aujourd’hui au duché une paix sociale exceptionnelle que tous nos voisins nous envient.
Encore une fois, des motivations partisanes dépourvues de toute vision à long terme ont conduits à un article décalé, inutile et dangereux.
Au final, le culte de la luxure est désormais interdit en Ket car il ne correspond pas aux aspirations de ses habitants.

On ne peut que souhaiter que la prochaine parution se garde de toute provocation inutile et dangereuse et continue de proposer des articles de qualité mais respectant la neutralité de l’information.



La nouvelle constitution de Ket crée un grand tourment dans le duché. Entre les nobles qui la refuse en bloc et demandent sa révocation pure et simple et les corporatistes extrémistes qui veulent utiliser leurs nouveaux pouvoirs pour supprimer la noblesse, le duché s’achemine vers une période troublée.
L’inquiétude gagne la masse des modérés qui se demandent au final si ce changement n’a pas été un peu précipité. On en saura plus lors de la très prochaine assemblée des corporations, où, parait-il, la noblesse va s’inviter en force.

Le culte de Kossuth gagne de nombreux adeptes et ouvre à grand frais des lieux de cultes. C’est fort surprenant de la part de ce clergé de reclus monastiques qui nous avait habitués à sa grande discrétion. A coup sur le réveil récent du fils de Kossuth n’est pas pour rien dans ce brusque regain d’activité. Cependant la situation à la tête du clergé n’est toujours pas claire, fort heureusement le culte annonce la prochaine tenue d’un cénacle pour désigner le prochain Archonte de Kossuth en Ket. Il lui reviendra alors de préciser le rôle que le culte entend tenir dans le Duché.

L’afflux d’étrangers dans le duché s’est un peu ralenti cet hiver mais avec le printemps il reprend de plus belle. Nombre d’entre eux sont des pèlerins de Kossuth qui viennent à la cité du feu de Pierrefeu pour honorer leur dieu. D’autre sont des commerçants ou investisseurs mais ils sont assez rebutés par les prix pratiqués en Ket, particulièrement élevés. L’un dans l’autre, même les simples curieux payent leur éco dans les auberges et tout ceci représente un retour de la prospérité. Il est à noter l’inflexibilité du guet de Ket vis-à-vis des fauteurs de troubles dont les éléments les plus importuns sont emmenés dans la vielle douve du château.

Ce printemps la baronnie de Barovia la plaine se repeuple, les humanoïdes ont été sévèrement repoussés dans les montagnes et les terres redeviennent disponibles pour les semailles. Le Baron constant Perceflanc ne ménage pas ses efforts pour faire revenir ses fermiers et il va même jusqu’à lancer des raids dans la montagne, au risque de rencontrer un dragon rouge. On ne lui connaissait pas une telle ardeur.

Un vampire a commis un meurtre dans une ruelle de Ket-ville. Rassurons nous tout de suite, sur la victime, le grand prêtre de Lathandre l’a ressuscité, la créature quand à elle a été promptement chassé de la ville par la vigilance du guet et gageons qu’il n’est pas près de revenir. Ceci nous rappelle que le reste du monde n’est pas aussi courtois que le pays de Ket, hélas. Heureusement, le guet veille.

La saison des bals vient d'ouvrir et de manière inédite, la comtesse Miriel a fait savoir qu'elle honorerais de sa présence toutes les invitations d'où qu'elles viennent. Les bals bourgeois prennent ainsi une ampleur et un retentissement nouveau. Il se pourrait même que la noblesse de plume se laisse tenter à la suivre. Reste à savoir si les hôtes auront les moyens d'assurer l'intendance pour une plus grande affluence ?

A propos d'affluence, le grand évènement en préparation du mois prochain aura lieu en Barovia le val à l'initiative du culte de Lathandre qui prépare une cérémonie de rédemption des plus importante pour le Duché. On s'attend à une foule considérable de fidèles et de curieux.

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Préambule :

Dans l'optique de mieux faire connaitre les Ketois aux Ketois, la Chancellerie se permet d'utiliser la Gazette, qui se veut être un trait d'union entre tous, en allant discuter et en donnant la parole à nos artisans, véritables gardiens de notre culture, de notre héritage et de notre savoir faire. Ce mois ci, nous avons rencontré une de nos enlumineuses, Sveti Hateg, dont le savoir-faire est un honneur pour la baronnie rayonnante et traditionaliste de Bressant.

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En prononçant le mot "enluminure", on pense tout de suite à "lumière" ; effectivement ce terme est tiré du Netheril "Enlumeno" qui veut dire mettre en lumière, donner la lumière au texte par l’intermédiaire de l’image et de la couleur. Symboliquement l’image illumine le texte en clarifiant le sens de celui-ci ; l’or et l’argent employés vont le rehausser de leur éclat. Ce qui caractérise cet art et lui confère sa richesse, ce sont la minutie et la finesse de la réalisation dans les moindres détails.

Sveti Hateg, artiste enlumineur, s’est passionnée toute jeune par l’histoire Ketoise et par le dessin. C’est donc à travers les livres d’avant la Brume qu’elle a découvert l’enluminure et a tout d’abord essayé de recopier certains détails. Ne voulant pas en rester là, elle a cherché à découvrir ces techniques quelque peu oubliées et pour cela cherche à créer son Ecole Ketoise d’Enluminure. Après deux ans des premiers balbutiements, elle consacra quelque temps à l’étude des techniques avec les outils et matériaux de l’époque (préparation des pigments natures, dorure à la feuille d’or, etc.). Il est nécessaire lorsque l’on pratique l’enluminure traditionnelle, de respecter ces techniques. La pratique de l’Enluminure l’a tout naturellement amenée à se pencher sur la Calligraphie ; ces deux arts étant complémentaires et indissociables, l’image mettant en valeur, le texte écrit.

UN PEU D’HISTOIRE
L’essor du manuscrit enluminé est indissociable de la généralisation de l’usage du parchemin (peau d’animal). Le parchemin va permettre la création du « codex » (livre tel qu’il se présente de nos jours) qui remplace le rouleau de feuilles de Mulhorande. Les feuilles plates du parchemin rendent l’utilisation du codex plus facile.

Aujourd'hui, le livre n’est plus un simple objet, il a valeur d’un signe, il porte le témoignage de la Promesse du Salut d'Oghma et sa valeur n’est pas moindre que celle de signes ostentatoires. "Les religions modernes sont des religions du livre" - Otto Pacht. Au début de notre ère, les livres étaient conservés sur l’autel de l’église, ce qui montre le symbole qui les caractérise.

Un des phénomènes les plus typiques de l’enluminure est la confrontation de l’écriture et de l’image qui a contribué à la naissance de la Lettrine (la lettre décorée permet de faire ressortir un passage important du texte). De la lettrine simple, les artistes laissent courir leur imagination en créant la lettre figurée, la lettre historiée, jusqu’aux enluminures en pleine page. Au départ, les enluminures étaient réalisées dans le temple d'Oghma de Chateau-Suif; à partir des années 1100 CV, avec le développement des universités, des ateliers laïcs voient le jour. La haute société devient alors férue de cet art, cette nouvelle clientèle permettant à ces nouveaux artistes, les enlumineurs, de se développer et de se regrouper en corporation. La réalisation d’un livre est très coûteuse, les plus beaux manuscrits n’auraient jamais existé sans le soutien de mécènes tels que certains seigneurs vivant sur la cote des épées, notamment d'Eau Profonde, de la Porte de Baldur, etc.

LA TECHNIQUE
La réalisation d’une enluminure se fait en respectant les règles du passé, ce qui n’exclut en rien la création personnelle. Créer en respectant les critères d'origine nécessite une connaissance importante de l’iconographie et de la stylistique variant suivant les périodes et les régions, (ex. le costume, l’architecture).

Le parchemin (peau de veau, agneau, chèvre) préparé, est dégraissé avec du fiel de boeuf. Après esquisse au crayon sur un brouillon, on dessuie (recopie) à la mine de plomb ou au crayon sur le parchemin le modèle à exécuter. On intervient en premier par la pose de la dorure, la feuille d’or est appliquée sur un « gesso », celui-ci servant à obtenir un volume. Les couleurs sont préparées avec des pigments naturels broyés et mélangés avec des détrempes à l’oeuf et à la gomme arabique. L’application se fait en superposant les couches de couleur, du plus clair au plus foncé afin d’obtenir du volume, en dégradant à chaque nouvelle couche. Des petits pinceaux en poil de martre sont utilisés afin d’obtenir les détails les plus fins possibles.

L’activité artistique de Sveti Hateg réside autour de deux grands thèmes :

1. La réalisation d’oeuvres :
* Copie d’une page enluminée sur commande, création d’une enluminure à l’occasion d’une fête historique ou sur un thème particulier, calligraphie de texte enluminé, frise créée en fonction du sujet du texte.
* Oeuvres héraldiques, blasons réalisés sur parchemins pour particuliers, corporations ou bourgades de Ket, menus pour fête, etc.
2. L’enseignement et la transmission de ce savoir : il est nécessaire de transmettre ces techniques pour que la connaissance de cet art se développe.