Le discours de Dame sarah lors de la cérémonie du grand pardon

A vous tous ici assemblés, laissez-moi vous conter une partie de l’histoire de vos ancêtres, quand le cœur du pays était encore en la vallée de Barovia .



Je suis Sarah von Zarovitch, fille de Shalad von Zarovitch, comte de Ket.
Je suis né en l'an 780 de notre calendrier, au chateau Ranit, demeure ancestrale des fils de Zarovitch (les von Zarovitch dans notre patois local).

Dès mes premiers jours je vécu avec deux ombres dans ma jeune vie, deux terreurs qui gelaient les cœurs au plus profond. L’une avait nom Brobnir, le grand vers, qui l’année de ma naissance ravagea tout sur son passage et tua mon grand père qui essayait de s’interposer et l’autre le gouffre aux cinq fonds qui palpitait à quelques lieues à peine du château Ranit.
Brobnir dévorait tout, mais le pays parvenait tant bien que mal à se redresser, le gouffre par contre, attirait implacablement tous ceux qui périssaient.
Nul tombeau ne retenait bien longtemps les âmes des défunts, inexorablement ils se relevaient de leurs gisants, sous forme de corps zombifiés ou bien sous forme spectrale, intangible et effrayante.
Le gouffre absorbait les âmes des morts, nul ne parvenait jamais au jardin de l’aube d’Amaunador ni dans les forêts éternelles de Sylvanus. Le destin de nos âmes était de partir dans la noirceur et la corruption, sans espoir de jamais atteindre un quelconque paradis.
Aujourd’hui on prie et l’on suit fidèlement des préceptes pour atteindre l’immortalité de notre âme, mais en ces temps sombres, seules les ténèbres nous attendaient quand notre heure venait. A quoi bon croire en ce cas, puisque nos dieux ne pouvaient rien pour nous.
Brobnir passait tous les 20 ou 25 ans, mais le gouffre vomissait tous les ans son lot d’âmes en peine. Nos ancêtres devenus des ombres et qui cherchaient à nous attirer parmi eux. Bien sur nous luttions, pour sauver le comté et le peuple, mais nombre de nobles tombaient également à cette tâche.
En ces temps de jadis, aucun noble ne passait la quarantaine car ceux qui échappaient aux âmes en peine succombaient entre les griffes de Brobnir.
En ces temps de jadis, être noble signifiait vivre vite et mourir jeune.
Hélas, toujours plus nombreux devenaient les âmes maudites de nos ancêtres, de nos amis, de nos frère. Et toujours moins nombreux restaient les défenseurs.
Le temps allait venir où le prochain raid de Brobnir affaiblirait tant le pays, que la sortie des hordes du gouffre allait nous submerger, submerger Barovia et tout le comté de Ket, à tout jamais. En fait, si faible étions devenus, que nous ne savions point qui nous vaincrait en premier, le dragon ou les âmes du gouffre...

J'avais 21 ans lorsque mon père conclu ce pacte si terrible qui permit, en nous transformant en morts-vivants, de repousser les hordes du gouffre au 5 fonds.
Ceux qui le désiraient ont pu partir, les plus dévoués ont choisit de rester, de tous corps de métiers qu'ils étaient. Bien que n'étant pas une guerrière, je choisis de rester avec mon père, laissant mes frères s'enfuir au loin pour "sauver ce qui pouvait l'être" comme ils ont dit.
(Sourire triste)
S'ils ont pu vivre une vie normale, c'est bien parce que nous sommes restés, nous autres, dans le gris, le froid, l'humidité et cette brume. Cette brume qui obscurcissait tout, même pour nos sens surdéveloppés. La joie nous avait quitté, nous ne vivions pas, nous survivions....et nous nous battions.
Sans cesse, sans relâche, j'accompagnai les guerriers par mes chants et sans cesse nous repoussions les âmes en peine.....jusqu'à la prochaine fois. Toujours ils revenaient, et toujours nous nous battions.
Comme ils revenaient toujours plus nombreux, mon père trouva comment recruter les âmes de nos morts dans notre armée immortelle, pour la grossir et continuer de faire face. Il utilisa le livre des noirs secrets, qui se trouve encore aujourd'hui scellé sur le rempart de château Ranit.
Grâce à lui, lorsqu'un humain périssait, son âme était invoquée pour qu'elle puisse continuer de défendre le comté. Et son squelette était animé pour faire un complément de troupes au cas où.
Une légion entière de squelette se trouve d'ailleurs dans le vieux village de Ranit, depuis longtemps déserté.
Oui, car tel était le nombre croissant de nos ennemis, qu’il en arrivait plus que nos gens périssaient.
A tel point, que certains préférèrent la mort immédiate et volontaire pour devenir spectre de l'épée et ainsi servir le comte. Car en tant qu'humains, ils étaient bien trop vulnérables, la masse immense d'âme en peine les eut drainé en rien de temps et ils auraient rejoint les rangs ennemis, le comble du déshonneur.
Cela n'allait pas en s'arrangeant néanmoins, les gens qui se sacrifiaient ne faisaient pas d'enfants, la population humaine diminuait en barovia. Moins d'humains, donc moins de sang pour les nobles, cela devenait critique.
De temps à autre, mais nous avions perdu la notion du temps, des gens venaient nous voir, nous savions ainsi que le comté existait toujours......grâce à nous.
Ils cherchaient à détruire le gouffre, mais aucun n'y parvint...jusqu'à vous.
Dame Miriel, Messire Paul, messire Bys, et Maelvina que vous aviez invoqués, je n'ai jamais trouvé les mots pour vous expliquer, pour vous montrer, vous faire comprendre ce que vous avez fait. Peut-être maintenant, et encore.
Vous nous avez libérés.
De cette tâche qui aurait fini par nous écraser, de cette brume qui nous étouffait, de cette horde qui enflait. Grâce à vous, pouvions voir de nouveau le soleil.

Le cadeau de Maelvina, qui proposait de nous emmener au paradis fut fort surprenant.
Oui, nous étions encore jeunes, des siècles passés dans la brume n’avaient pas assombris notre désir de vivre. Nous étions fait de chair, de sang et mêmes ceux qui n’étaient que des ombres se sentaient liés par ce pays auquel nous avions tout donné.
Alors nous sommes restés, chez nous, nous pensions vivre, enfin.

Hum, nous avons vite réalisé que ce ne serait pas aussi simple, de héros nous étions devenus des prédateurs, de sauveurs nous étions devenus des meurtriers. Le soleil que nous aspirions tant à revoir nous brûlait, cela ne pouvait durer.
Et là encore, nous fumes sauvés.
Le seigneur de l'aube a envoyé un signe à messire Paul, et il nous a tous ressuscité, nous ramenant pleinement en vie pour en jouir librement.

Alors voilà, merci.
Tout simplement, merci pour tout.
(elle se lève et fait une bise sur la joue à Miriel, Paul et Bys)
(Revenant à son pupitre)
Aujourd’hui nous accueillons mes anciens compagnons de lutte de la brume, les parias, les rejetés.
Tous comme moi, ils ont tout sacrifiés pour ce pays, tout comme moi ils ont refusés de le quitter. Oubliés par Lathandre face au gouffre, oubliés par le peuple de Ket pendant 500 ans, oubliés par Maelvina lorsqu’elle offrit le paradis aux anciens, oublié par la bénédiction de messire Paul, ils sont toujours prisonniers de leur pacte avec les ténèbres. Mais toujours et encore, ils défendent le pays, leur pays, avec les armes et les moyens qui sont les leurs.
Que va-t-on leur dire aujourd’hui, qu’est-ce que Ket peut encore faire pour ceux qui ont tout fait pour lui.
Messire Paul, a peut-être une réponse.
Merci à tous d’être présent…
(s’incline et s’écarte pour laisser passer Paul).

Messire Paul, a peut-être une réponse.